L'ancien château de Delle et la Maison Feltin (Territoire de Belfort)
J'ai recopié les explications, comme fil-guide à mes photos
Le château de Delle
Le château médiéval se trouvait au sommet de la falaise qui domine l'angle nord-ouest de la vieille ville. Construit sur une plate-forme que l'on avait détaché du côteau au moyen d'un fossé creusé de main d'homme, il permettait de surveiller le confluent de l'Allaine et de la Batte, en même temps que le passage de l'ancienne voie romaine Mandeure-Kembs qui était devenue au Moyen-Âge l'axe reliant le comté de Montbéliard à l'Alsace
Sa date de construction exacte est inconnue. On sait seulement que le 31 décembre1231, les propriétaires de Delle, les bénédictains de l'abbaye anciennne de Murbach qui détenaient le domaine depuis 736, décidèrent de mettre fin aux querelles entre les comtes de Montbéliard et de Ferrette en le confiant à Henri VII, fils de l'empereur germanique Frederic II. Une des conditions de la donation était que la cité soit entourée de murailles. Delle devint ainsi une ville forte en même temps que le chef-lieu d'une seigneurie appartenant en propre aux ducs puis archiducs autrichiens. Englobée dans les terres de l'Autriche antérieure, sa gestion fut désormais assurée par une Régence installée en Alsace, à Ensisheim. Un représentant seigneurial résidant en ville, le bailli, était chargé de veiller aux intérêts particuliers des propriétaires. En même temps, il assurait les fonctions de prévôt détenteur de la justice et de châtelain chargé de la garde et de l'entretein de la fortification.
L'aspect originel de l'édifice est mal connu. Les rares documents que l'on possède à son sujet, notammment un plan et une description, datent surtout du XVII° siècle, mais il avait probablement peu changé depuis sa construction entreprise au XIII° siècle ou peut-être seulement au début du XIV°siècle.
Le château se présentait sous la forme d'une imposante forteresse carrée renforcée par une tour à chaque angle. La plus grosse des quatre, au nord-ouest, servait de donjon et protégeait un éventuel danger pouvant survenir du coteau voisin. A son pied s'ouvrait la porte principale, fermée par un pont-levis qui permettait de franchir une partie du large fossé dédoublé à cet endroit par un mur érigé sur un talus central. Les différents bâtiments appuyés à la face interne du mur d'enceinte abritaient l'habitation seigneuriale, la chapelle, la caserne de la garnison, des granges et écuries ainsi que le logement du portier et définissaient une cour intérieure dans laquelle se trouvait l'indispensable puits. La restitution proposée ci-dessous, réalisée à partir de documents d'archives, donne une idée de l'apparence que le château de Delle dut présenter tout au long du Moyen-Âge et jusqu'à sa disparition au XVII° siècle..
Le château se présentait sous la forme d'une imposante forteresse carrée renforcée par une tour à chaque angle. La plus grosse des quatre, au nord-ouest, servait de donjon et protégeait un éventuel danger pouvant survenir du coteau voisin. A son pied s'ouvrait la porte principale, fermée par un pont-levis qui permettait de franchir une partie du large fossé dédoublé à cet endroit par un mur érigé sur un talus central. Les différents bâtiments appuyés à la face interne du mur d'enceinte abritaient l'habitation seigneuriale, la chapelle, la caserne de la garnison, des granges et écuries ainsi que le logement du portier et définissaient une cour intérieure dans laquelle se trouvait l'indispensable puits. La restitution proposée ci-dessous, réalisée à partir de documents d'archives, donne une idée de l'apparence que le château de Delle dut présenter tout au long du Moyen-Âge et jusqu'à sa disparition au XVII° siècle..
Régulièrement entretenu par les familles nobles successives à qui les archiducs la confiaient en ... de remboursement d'emprunt, la forteresse resta entre les mains autrichiennes jusqu'à la conquête française de 1636 puis elle tomba dans le domaine royal. En 1659, Louis XIV en fit don au cardinal de Mazarin en même temps que la ville et d'autres terres alsaciennes. Ses héritiers profitèrent ainsi de la donation jusqu'à la Révolution, à l'exception toutefois du château lui-même.
En effet, en 1673, à la suite d'une visite d'inspection du Maréchal de Turenne en Alsace, le roi prit la décision de démolir un certain nombre de places-fortes pour éviter qu'elles ne retombent un jour entre des mains ennemies. Celle de Delle était sur la liste. Des mineurs envoyés de Giromagny* vinrent y placer des explosifs et la transformèrent en monceau de gravats. Une partie des éléments provenants de sa démolition fut alors récupérée et servit à la construction de maisons dans la Grand-Rue. Le reste fut abandonné sur place. Seuls subsistent aujourd'hui le puits ainsi que les anciens fossés partiellement comblés.
En effet, en 1673, à la suite d'une visite d'inspection du Maréchal de Turenne en Alsace, le roi prit la décision de démolir un certain nombre de places-fortes pour éviter qu'elles ne retombent un jour entre des mains ennemies. Celle de Delle était sur la liste. Des mineurs envoyés de Giromagny* vinrent y placer des explosifs et la transformèrent en monceau de gravats. Une partie des éléments provenants de sa démolition fut alors récupérée et servit à la construction de maisons dans la Grand-Rue. Le reste fut abandonné sur place. Seuls subsistent aujourd'hui le puits ainsi que les anciens fossés partiellement comblés.
ZUT alors ! Voilà donc pourquoi Delle n'a pas eu l'honneur d'être fortifiée par Vauban !
*Les mines de Giromagny étaient également une possession de Mazarin (une maison, la maison des mineurs, y porte encore son nom), tout comme l'étang du Malsaucy, où ont lieu les Eurockéennes.
voir aussi l'article -octobre 2010- de Yves Michalet, page 12 de la revue municipale : http://www.delle.fr/www/modules/modDelleInfo/f/DI-77.pdf
voir aussi l'article -octobre 2010- de Yves Michalet, page 12 de la revue municipale : http://www.delle.fr/www/modules/modDelleInfo/f/DI-77.pdf
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La maison Feltin
(Actuellement Mairie)
La maison Feltin, devenue l'Hôtel de Ville en 1997, date de 1581 comme l'indique la pierre millésimée ornée de deux écussons que l'on peut voir à côté du portail de la tourelle. Cette plaque porte l'inscription latine SEQUITUR FORTUNA LABOREM ce qui peut se traduire par « Le travail engendre la fortune » . C'était la devise de Louis Lavardet, prévôt, en même temps bailli de Delle, qui fit construire l'édifice à la place d'une demeure plus ancienne qui appartenait aux Sieurs de Ferrette et au pied de la terrasse du château dont il avait également la garde.
L'aspect extérieur de la maison est assez proche de celui qu'elle avait à l'origine. De forme rectangulaire, adossée à la muraille nord de la ville, complétée par la tourellle qui s'appuie contre son pignon est, elle était agrémentée côté sud par une façade en pierre de taillle percée de fenêtres à meneau et accolades dont il reste des éléments au niveau du premier étage et par le portail à colonnes qui orne aujourd'hui l'entrée de l'escalier à vis.
le portail à colonnes, déplacé de la façade à la tourelle |
A la mort de Lavardet dans les premières années du XVII° siècle, la maison passe entre les mains de différentes familles nobles, d'abord les Ferrette de 1623 à 1668 (à contrôler, 68 ou 88?)*, puis les d'Ingersheim et les ... les années suivantes, puis les M... à partir de 1680, propriétaires qui y résidèrent successivement sans la modifier de manière notable.
*Tous les surlignages correspondent à des doutes - je n'ai pas pris de notes sur place, je ne lis pas bien sur la photo
*Tous les surlignages correspondent à des doutes - je n'ai pas pris de notes sur place, je ne lis pas bien sur la photo
En 1723 elle devint la demeure de Jean-Henri Doug, fils d'une famille bourgeoise de la ville, qui était devenu bailli de Delle en 1714, pour le compte du propriétaire des lieux, le duc de la Meilleraye, seigneur de Mazarin. Avant de s'y installer, Doug lui fit subir d'importantes transformations.
Des baies modernes remplacèrent les vieilles fenêtres d'origine, la disposition intérieure fut profondément remaniée et la grande salle de réception, actuellement salle du conseil, s'orna d'un plafond à caissons réalisé en chêne auquel vinrent plus tard s'ajouter de magnifiques boiseries murales.
Enfin l'accès aux appartements situés dans les étages ne se fit plus par la façade mais par la tourelle dont l'entrée fut embellie par le portail à colonnes déplacé pour la circonstance. En même temps on remplaça la muraille de ville entre la maison et la falaise du château par un mur moins épais contre lesquels s'appuyèrent extérieurement la tour carrée et intérieurement la galerie de bois qui existent toujours.
De l'autre côté de la maison, un grand bâtiment abritant granges et écuries doubles s'éleva perpendiculairement à la muraille, à proximité immédiate du puits. Enfin, en avant de la façade principale, le propriétaire fit les jardins à la française qui, encore en 1992, s'étendaient jusqu'à l'angle de la Grand'rue, où ils s'ouvraient par un portail monumental.
Des baies modernes remplacèrent les vieilles fenêtres d'origine, la disposition intérieure fut profondément remaniée et la grande salle de réception, actuellement salle du conseil, s'orna d'un plafond à caissons réalisé en chêne auquel vinrent plus tard s'ajouter de magnifiques boiseries murales.
on voit encore des traces de la modification Les caissons ornés de sous-toitures se retrouvent sur d'autres bâtiments dellois. |
Enfin l'accès aux appartements situés dans les étages ne se fit plus par la façade mais par la tourelle dont l'entrée fut embellie par le portail à colonnes déplacé pour la circonstance. En même temps on remplaça la muraille de ville entre la maison et la falaise du château par un mur moins épais contre lesquels s'appuyèrent extérieurement la tour carrée et intérieurement la galerie de bois qui existent toujours.
l'escalier semble en travaux. Depuis que le bâtiment abrite la Mairie, il a servi de décor à la sortie des mariés. |
cette tour aurait donc été absente de la construction initiale |
le château se trouvait au-dessus de ces escaliers (arbres espacés) si je comprends bien |
côté est |
De l'autre côté de la maison, un grand bâtiment abritant granges et écuries doubles s'éleva perpendiculairement à la muraille, à proximité immédiate du puits. Enfin, en avant de la façade principale, le propriétaire fit les jardins à la française qui, encore en 1992, s'étendaient jusqu'à l'angle de la Grand'rue, où ils s'ouvraient par un portail monumental.
la Grand-rue |
fontaine et escalier monumental du côté de l'emplacement du château |
Le bailli vécut dans ces lieux jusqu'à sa mort en 1745 puis le domaine, qui comprenait en autre la plateforme du château ainsi que des champs et des vergers s'étendant tout le long de la muraille nord jusqu'à l'autre angle de la ville, passa aux mains de son fils qui y résida à son tour.
D'abord avocat puis conseiller au conseil Souverain d'Alsace, François-Henri de Doug reçut sa nomination de Président de l'assemblée provinciale en 1768, ce qui l'obligea à quitter Delle pour Colmar. La propriété fut alors vendue en avril 1770 à une famille de cultivateurs fortunés venue du Haut-Doubs les Vautherin.
C'est entre les mains de leurs descendants, les Gromier puis les Feltin que la maison, ainsi que la moitié ouest des dépendances est restée jusqu'à son rachat par la ville en 1993. Quant aux granges et écuries du XVIII° siècle, elles furent remplacées en 1881 par un nouveau bâtiment construit plus en arrière, celui qui fut remplacé en 2001 et qui abrite aujourd'hui les Services Techniques de la ville.
D'abord avocat puis conseiller au conseil Souverain d'Alsace, François-Henri de Doug reçut sa nomination de Président de l'assemblée provinciale en 1768, ce qui l'obligea à quitter Delle pour Colmar. La propriété fut alors vendue en avril 1770 à une famille de cultivateurs fortunés venue du Haut-Doubs les Vautherin.
C'est entre les mains de leurs descendants, les Gromier puis les Feltin que la maison, ainsi que la moitié ouest des dépendances est restée jusqu'à son rachat par la ville en 1993. Quant aux granges et écuries du XVIII° siècle, elles furent remplacées en 1881 par un nouveau bâtiment construit plus en arrière, celui qui fut remplacé en 2001 et qui abrite aujourd'hui les Services Techniques de la ville.
Cette propriété et son verger, situés au nord de la rue du château, sous le coteau, faisaient donc partie du domaine. Les murs en sont-ils aussi vieux ? |
la piste cyclable vient du nord sous le coteau et traverse la rue du château |
Le bâtiment des services techniques - euh oui, bon, je l'avais redressée, mais pas dans mon ordi, pardon: c'est ici |
Tu es plus douée que moi pour les photos de batiments et pour les commentaires historiques.
RépondreSupprimer"Ici" le fort n'a pas été construit mais détruit par Vauban, pour des raisons similaires, j'habite dans une maison qui était située dans le royaume du Piémont Sardaigne.
J'ai fait comme toi avec ton herbier et Coste:
Supprimeren fait le texte est simplement la transcription du panneau informatif (qui n'existait pas quand j'étais petite, et la maison était encore enclose et privée)
"Une ville assiégée par Vauban est une ville prise, une ville fortifiée par Vauban est une place sûre" - disait-on à l'époque - je transcris de mémoire, ne sais plus les termes éxacts - flemme de faire la recherche.
A force de voir ses fortifs partout où je suis allée, je ne m'étais jamais posée la question de Delle et de son château détruit, et je négligeais cet aspect, que la défense était passée par des destructions aussi.
Je viens de lire que Thann aussi a vu son château (Engelbourg) détruit à peu près à la même époque, pour ce genre de raison. La tour renversée (l'oeil de la sorcière) l'a été par des explosifs - travail des mineurs de Giromagny, sur ordre du roi
RépondreSupprimerhttp://alsace-medievale.wifeo.com/engelsbourg.php
http://www.an1000.org/Forum-Moyen-Age/l-oeil-de-la-sorciere-t599.html