Que serait le sud sans eux ?
sans leur belle ombre en été |
Sans les étourneaux hélas aussi, pour qui leurs branches contituent un dortoir idéal - tant pis si en -dessous c'est votre voiture ou la place du marché, qu'on appécierait propre...
et sans leurs graines irritantes qui me font les fuir (les poils détachés des jeunes pousses également).
Je ne suis pas à la fête à cette saison, surtout s'il y a du vent - pas question d'aller en ville. Même pas au pain!
- Vive les tilleuls et marronniers, au printemps, je suis mieux ailleurs !
Mais tout le monde n'est pas allergique - et ils font partie du paysage.
- Tout de même, ceux qui décident des plantations d'arbres en ville devraient consulter ce document RNSA à leur intention
sans leur grands bras qui cherchent au ciel sa lumière pour nous l'offrir l'hiver |
et sans leur écorce changeante, dont les enfants ramassent les morceaux. |
Les platanes...
Que serait le sud sans eux ?
Et les nationales (qui souvent n'en sont plus),
les places,
le Canal du Midi ?
Le Canal du Midi, justement, est le théâtre d'un drame :
Les platanes sont malades.
Et en meurent.
Assez rapidement - en 3 à 4 ans.
Ce qui oblige à prévoir leur remplacement. Et tout d'abord l'élimination rapide des sujets contaminés, et contaminants.
Il faudra donc les brûler, et déjà tenter de ne pas disséminer le mal en les abattant.
Puis consolider les berges, tellement liées aux racines.
Et enfin les remplacer par des sujets résistant à la maladie.
- Que serait LE canal sans son ombrage mythique ?
Ce qui pose un sérieux problème de budget...
L'abattage a commencé, du côté de Villeneuve-lès-Béziers
(voir aussi La Dépêche)
La maladie
Sur la maladie elle-même, je lis "chancre noir"
Je trouve surtout des renseignements sur le "chancre coloré" du platane - qui présente des traces bleu-noir
- S'agit-il de deux noms pour la même chose ? Ou d'articles pondus un peu rapidement? En tout cas, un ancien adjoint au Maire de Villeneuve, correspondant du Midi Libre, a bien écrit "chancre coloré" - il est bien placé pour savoir de quoi il parle.
Le "chancre coloré du platane" n'est pas nouveau.
Eviter sa propagation et remplacer les arbres atteints était déjà un souci depuis plusieurs années en 1989.
[Les platanes de Provence sont sérieusement menacés par un micro-champignon Ceratocystis fimbriata (forme platani) responsable de la maladie du "chancre coloré".
Cousin de l'ennemi des ormes, ce parasite est originaire des États-Unis où, il a été décelé dès 1929. Il a très probablement été introduit sur la façade européenne de la Méditerranée lors des opérations militaires de' la fin de la seconde guerre mondiale, avec les caisses en bois d'armement américain.
Une maladie fulgurante
Le chancre coloré du platane se manifeste sous la forme de lésions de l'écorce, reconnaissables à leur aspect de flamèches ondulées de couleur bleu-noir. L'extension généralisée du chancre conduit à l' étiolement de la frondaison et à la perte du feuillage.
La contamination se fait quasi obligatoirement par une blessure et gagne l'intérieur de l'arbre par les rayons ligneux et les vaisseaux. La production probable de toxines aggrave fortement les perturbations du métabolisme des parties apicales de l'hôte. La maladie progresse très rapidement . un bel arbre est tué en trois à cinq ans.
Si la dissémination peut se faire naturellement par simple contact racinaire inter-individuel, par voie aérienne et semble-t-il aussi, par l'intermédiaire des eaux libres (ce qu'il conviendrait de vérifier expérimentalement), le parasite est en Provence principalement véhiculé par les outils infectés soit à l'occasion d'élagages, soit lors de travaux de terrassement.
Le champignon étant hors de portée de l'action des fongicides à cause de sa profonde localisation dans les troncs, on ne connaît à l'heure actuelle aucun traitement efficace. Seules des mesures prophylactiques au demeurant difficiles à mettre en oeuvre systématiquement, permettent actuellement de lutter contre cette maladie et de contenir son extension en France où elle est pour l'instant limitée au sud-est (Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse).
Les recherches en coursLa création ou l'identification de clones ou d'espèces de platanes résistants à la maladie sont deux des voies de recherches actuellement poursuivies pour éviter que le platane, arbre symbolique, ne disparaisse des paysage provençaux. Cette voie est soutenue, depuis quelques années, par le Ministère de l'Environnement (Service de la Recherche, du Traitement de l'Information sur l'Environnement - SRETIE) et des collectivités territoriales (le Conseil Général du Vaucluse, par exemple).
Ces recherches conduites dans les stations INRA de Montpellier et d'Avignon et en collaboration avec certaines universités (Université des Sciences et des Techniques du Languedoc - USTL Montpellier) se décompose en deux volets complémentaires . la mise au point d'un test de tri de platanes résistants ou tolérants à Ceratocystis fimbriata et l'étude de la radio-sensibilité des semences.
Ce second volet est destiné à préparer l'accroissement artificiel des ressources génétiques d'une population dont la variabilité génétique apparemment restreinte est attribuable à l'utilisation systématique de techniques de reproduction végétative (bouturage) depuis longtemps préférées au semis.
Les principaux obstacles
Le programme d'identification de sujets résistants rencontre dans l'état actuel des choses, c'est-à-dire 3 ans après le début des travaux, quatre séries de difficultés qui dans l'état actuel des connaissances, ont néanmoins permis d'aboutir à des résultats intermédiaires ou marginaux utiles.]
(A. VigourouxLaboratoire de Biologie et de Pathologie Végétales, INRA - Montpellier)
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On dispose donc après toutes ces années de recherches* du Platanor® Vallis clausa, hybride résistant à la maladie, une co-obtention INRA/Pépinières ROUY IMBERT.
* Recherches dont je suppose que le coût se répercute dans le prix de vente élévé des sujets. J'espère que le pépiniériste "fait un prix" pour des achats en tel nombre ...
Un appel au mécénat a d'ailleurs été lancé pour financer cette campagne.
A. VIGOUROUX, bien qu'en retraite, poursuit ses travaux avec le pépiniériste.
Dans la présentation du Platanor® Vallis clausa (dossier de presse), il décrit l'extension actuelle de la maladie, jusqu'à la Suisse et l'Italie, la Grèce et à en France jusqu'à Bourg-en-Bresse ou Toulouse
Wikipedia en dit :
[ Elle est également très résistante à l’anthracnose et à un degré moindre à l’oïdium et au tigre du platane (insecte).]
Sur Ceratocystis fimbriata (le champignon) : fiche du Ministère de l'Agriculture... Laboratoire(1997)
Les platanes de l'Avenue de Gaulle à Banyuls, et beaucoup à Perpignan, ont leurs feuilles blanchies chaque année par une sorte d'oïdium pas très appétissant.
- Ce qui ne semble pas lié au chancre coloré, c'est déjà ça, mais ça doit les rendre encore plus allergisants, ceux de Cerbère me semblent plus supportables - pourvu que ça dure !
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Post-scriptum
(13 février 2015)http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/02/13/canal-du-midi-un-demi-million-d-euros-recueillis-pour-sauver-les-platanes_4575641_3244.html
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Canal-du-Midi-un-demi-million-d-euros-recueillis-pour-sauver-les-platanes-2015-02-13-1280581
« Nous sommes en train de relever un merveilleux défi », s'est réjoui Marc Papinutti, directeur général de VNF, lors d'une conférence de presse à Toulouse. Depuis le lancement de la collecte, en août 2013, 252 000 euros ont été récoltés auprès de 3 000 donateurs individuels, tandis que 35 entreprises ont contribué à hauteur de 283 000 euros.
Contrairement à ce qui avait été préalablement annoncé, la campagne de financement n'a pas encore été étendue au niveau international, faute de moyens. « L'objectif est d'arriver à réunir 50 entreprises mécènes d'ici à la fin de l'année », a fait savoir René Bouscatel, président du Club des entreprises mécènes du canal du Midi, créé à la fin de 2013.En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/02/13/canal-du-midi-un-demi-million-d-euros-recueillis-pour-sauver-les-platanes_4575641_3244.html#iWi4qvXwZPuPRXI4.99
http://www.la-croix.com/Ethique/Environnement/Un-remede-possible-pour-lutter-contre-le-chancre-du-platane-2014-05-23-1154832
http://www.ladepeche.fr/article/2014/07/15/1918689-un-espoir-de-traitement-pour-les-platanes-du-canal.html:
Actuellement au premier stade de la recherche scientifique, la méthode novatrice de thérapie bactérienne développée par onze étudiants toulousains pourrait un jour déboucher sur un vrai traitement du chancre coloré du platane.
Et si une bactérie permettait de venir à bout de l'épidémie de chancre coloré du platane ? C'est le défi que tentent actuellement de relever onze étudiants toulousains inscrits en quatrième année de master à l'Insa et à Paul Sabatier. Dans le cadre de leur participation au concours IGEM organisé par l'université de Boston, ces onze jeunes chercheurs en génie biochimique et en microbiologie ont imaginé de transformer Bacillus subtilis, une bactérie naturellement présente dans les platanes, en une machine de guerre contre le chancre coloré vivant au cœur même des arbres malades. Pour transformer Bacillus subtilis en «SubtiTree», les jeunes chercheurs lui adjoignent des gènes extérieurs qui la dotent de super-pouvoirs. Grâce à ces petits morceaux de chromosomes, SubtiTree devient capable d'identifier les cellules de la maladie, de s'y fixer, puis de produire et d'inoculer les fongicides mortels pour le chancre coloré. Et c'est justement ce qui fait toute la différence d'avec les traitements classiques par injection massive de fongicide. «Car le chancre coloré n'est pas particulièrement résistant, mais il se développe dans le phloeme, une partie de l'arbre que les fongicides injectés n'atteignent pas. Le phloeme est en revanche parfaitement accessible à «SubtiTree» la bactérie que nous modifions et qui circule dans le métabolisme du platane», explique Mathieu Fournié....
La disparition de ces platanes qui façonnent les paysages du Midi entrainent aussi la diminution des oiseaux qui nichaient dans leurs cavités. C'est le cas des Rolliers par exemple.Il faut alors compenser en installant des nichoirs artificiels.
RépondreSupprimerIci nous avons maintenant le charançon du palmier qui fait des ravages.
Sous l'effet de la mondialisation nos paysages urbains changent très vite. Espérons qu'ils ne s'uniformiseront pas davantage!
Merci Lucie pour cet intéressantes remarque. Il faut espèrer que les oiseaux sauront chercher d'autres solutions à proximité. Ils devraint en avoir le temps.
RépondreSupprimerToute la longueur du canal ne pourra pas faire l'objet d'un remplacement simultané.
Le coût en est très élevé, le budget pas trouvé (appel au mécénat - ça ne se bouscule pas paraît-il).
D'ailleurs, que coûte un nichoir, par rapport aux 5000€ par arbre remplacé? (source FR3 - dont 1000€ rien que pour le nouveau plan)
Ceci dit, tous les platanes de nos alignements dateraient au plus de 300ans, ai-je lu. Issus par bouturage d'un croisement entre Platanus occidentalis et P. orientalis (fin du XVII° s.), ils seraient donc tous identiques, et la progression de la maladie en est facilitée.
Alterner les essences d'arbres plutôt que refaire le même choix me semblerait plus astucieux. Qui sait si le nouvel hybride ne représentera pas un jour la cible d'une autre attaque ?
Les peuplements exclusifs et les lieux de monoculture sont toujours plus exposés qu'un milieu riche et varié.
Concernant les palmiers, on voit encore la vulnérabilité d'espèces qui n'ont pas d'antécédents locaux.
- Car les prédateurs de leurs parasites ne sont pas là.
Or comment garantir qu'un parasite n'arrive pas avec un sujet importé? -ou par une autre importation fortuite...
- Parasite qui s'attaquera donc sans régulation aux autres sujets identiques
(ou à ceux d'une autre espèce proche, comme c'est arrivé avec le phylloxera, qui n'affectait guère les plants américains, mais a trouvé démunis les vignobles français)
Chacun de nous peut favoriser -en toute innocence- ce genre de problème.
Autrefois déplacer une espèce, par curiosité, passion scientifique, goût de la nouveauté, était le fait de quelques personnes fort riches ou en mesure de voyager pour leur métier. A présent tout le monde circule beaucoup plus. Les jardiniers veulent accueillir d'autres floraisons, les vendeurs les y poussent. On essaye tout ce qui peut "s'acclimater"
- Mais il n'y a pas que le climat à prendre en compte...
On se retrouve avec des plantes invasives...
Ce qui vaut pour les animaux aussi :
relâchées par ignorance dans un milieu où elles sont inconnues, tortues et écrevisses exotiques -et beaucoup d'autres espèces- deviennent des nuisances.
Je conserve un très bon souvenir de ces platanes,admirés pour la 1ère fois,lors de mon voyage dans les P.-O. en avril 2013...Je souhaite que vous puissiez en conserver quelques-uns...
RépondreSupprimerBises et bonne journée!
Gaëtane