Levoncourt, un petit bout d'Alsace... presque suisse ou
« Claudie au pays des souvenirs »
ceci est également une réédition:
cet article et quelques autres sont la porte d'entrée de visites sans intérêt
et objets de nombreux commentaires à objectif publicitaire.
L'idée est de supprimer les originaux
Joli
but de promenade pour ce bel après-midi, nous avons rendu visite, mes
parents et moi, au petit village où nous avons vécu cinq à six ans, et
où j'ai mes premiers souvenirs.
Petits
villages, le long de la frontière suisse. La bordure frontalière du
Sundgau, les premiers côteaux calcaires de l'arc jurassien.
« Douce France, vert pays de mon enfance... »
Charles Trenet parlait d'une autre région... est-ce bien sûr ?
Belles années... oui !
Pour
mes parents aussi... Erstein, premier poste de mon père, avait été une
sorte d'exil, urbain et linguistique, les ménagères et commerçants se
souciaient peu de parler français... une sorte de prison pour ma mère.
Ils se rapprochaient ainsi de la famille et de la Vôge et retrouvaient une vie de village, où les gens se connaissent et se parlent, s'entraident, vous accueillent...
Plus tard encore, ils transplanteront la famille à Delle (c'est dèjà "à l'intérieur" mais toujours sur la frontière jurassienne - et non plus bernoise entre temps)
Ils se rapprochaient ainsi de la famille et de la Vôge et retrouvaient une vie de village, où les gens se connaissent et se parlent, s'entraident, vous accueillent...
Plus tard encore, ils transplanteront la famille à Delle (c'est dèjà "à l'intérieur" mais toujours sur la frontière jurassienne - et non plus bernoise entre temps)
Clocher comtois, Delle |
Clocher comtois, Delle
photo
prise depuis la rue du Château, qui, comme son nom actuel ne l'indique
pas, contournait autrefois les remparts ( à l'usage des Parpaillots, ou
Huguenots, paraît-il, forts nombreux en Alsace et en pays de
Montbéliard, fief des Comtes de Wurtenberg - or, Delle était catholique)
Le château Feltin à droite est devenu la Mairie
Retour en pays d'enfance
Faverois (90) |
On
quitte le Territoire de Belfort à Réchesy, et on arrive à Pfetterhouse
dont le nom alsacien chante son appartenance au Haut-Rhin (ceci dit, le
Territoire de Belfort, dont les noms de village n'évoquent pas le
dialecte alsacien, en faisait également partie avant 1870).
guérite des douanes françaises entre Pfetterhouse et Courtavon (route internationale) |
On longe et traverse même une pointe de la Suisse en gagnant Courtavon par une route internationale, puis Levoncourt.
Les
villages suisses de l'autre côté de la frontière ont pour noms :
Vendelincourt (situé comme son nom l'indique en amont de la Vendeline
qui traverse Réchésy, les ruisseaux n'ont pas de frontière), Bonfol,
Miécourt, Beurnevesin...
Le
village au milieu des prés, encadré de forêts sur les côteaux, touche
presque Courtavon. Une grosse ligne électrique dissuade de prendre des
photos du village depuis Courtavon.
Les nouveaux lotissements des deux villages ont remplacé les prés où nous allions aux pissenlits...
Pimpantes
maisons dans des jardins fleuris et arborés. Après le tournant, le
paysage est plus familier. On longe le ruisseau, et des rues partent de
chaque côté - un village en « arête de poisson », en somme...
Une des premières rues à gauche mène à l'école et à l'église, perchée.
Une
rue à l'angle de laquelle Maman me montre l'ancienne « cabine
téléphonique », c'est à dire en fait une maison dont l' occupant avait
la charge de tenir à disposition de la population un téléphone public,
dans une pièce de sa propre maison. Pas de cabine au sens actuel du
terme. C'était ainsi dans tous les villages. Ma grand-mère aussi avait tenu
cet « emploi » dans un petit village des Vosges.
Sur la gauche, la mairie a pris place dans l'ancien presbytère – où était-elle avant? en haut de l'école?
L'école
n'a quasiment pas changé. Je ne me souvenais pas de la sirène sur le
toit, mais Maman assure qu'elle y était. Je me figure plutôt un
clocheton, mais je dois confondre...
Sur
la rue ( façade à l'ombre, agrandir), le robinet où nous lavions nos
encriers avant les vacances est encore là, mais, en dessous, la flaque
de sable, que nous mélangions au savon pour les frotter n'y est plus,
l'enrobé va jusqu'au mur. Au fond de la cour, le préau et son grenier où
nous empilions le bois avant les grandes vacances, pour le chauffage de
l'école
Lorsque
je suis entrée, un peu trop tôt, dans la classe des grands, devenue
classe unique, la classe enfantine venait d'être fermée, la maîtresse
nommée ailleurs. Les compressions de poste, surtout en zone rurale, ça
ne date pas d'aujourd'hui !
.
Mon frère a dû attendre d'être plus âgé pour « faire sa rentrée »,
rappelle Maman. Elle avait donc encore (en sus du ménage, du jardin et
des habits qu'elle tricotait et cousait ) à occuper toute la journée,
deux garçons d'âges rapprochés, et...assez remuants ! Tout en essayant de
protéger le sommeil de Papa qui travaillait souvent de nuit.
Déception bien imaginable du cadet...
Moi
qui avais déjà appris à lire en écoutant « les grands », j'ai alors dû
« sauter » une classe : on n'allait pas me renvoyer un an à la maison –
je crois pourtant comprendre que c'est arrivé aux autres de mon âge !
Une
grosse année d'avance (je suis née en fin d'année), que j'ai toujours
« traînée » ensuite (oui, j'ai bien dit « traînée » comme on traîne un
boulet - toujours trop petite par rapport à mes camarades - et coupée de
celles de mon âge). Capacités de compréhension et maturité ne vont
forcément de pair, ni les capacités d'endurance, d'ailleurs...
Vers
les bâtiments jaunes (salle polyvalente), une démarcation des deux
revêtements correspond au joli muret en pierres calcaires, haut comme un
siège bien commode, qui à cette époque délimitait la cour. J'y
observais les araignées rouges – et je les écrasais aussi, je dois
l'avouer... Impression d'y avoir passé des heures - je ne jouais donc
pas avec les autres ?
Au
dessus de ce muret, se trouvait une terrasse, peut-être des gravillons,
ou une sorte de pré ou de pelouse, qui menait au bâtiment préfabriqué
de l'ancienne classe enfantine, un bâtiment que nous avons continué à
utiliser pour les émissions de télévision scolaire. A côté du bâtiment,
un très haut mât portait l'antenne.
Car
notre petite classe unique bénéficiait de la radio scolaire (musique et
chant), de la télévision scolaire (souvenirs plus vagues, je suis sûre
d'avoir suvi des programmes de sécurité routière, mais il devait y avoir
d'autres contenus), et même, plusieurs fois par an, d'un cinéma
scolaire, mais pour ces projections nous nous regroupions à plusieurs
classes au village voisin. Je crois me souvenir que nous nous y rendions
en bus et que notre maître lui-même était le projectionniste, les
énormes bobines étaient impressionnantes, lourdes galettes soigneusement
rangées dans des caisses et précautionneusement manipulées - souvenir
presque plus vif que les films eux-mêmes.
On
n'avait pas encore inventé pour les classes rurales les RPI
(Regroupements pédagogiques intercomunaux), ni « l'Ecole Numérique »,
mais les ressources documentaires et la fenêtre sur le monde parvenaient
déjà de la façon la plus moderne dans ces petits villages, à une époque
où les familles, pour la plupart, ne connaissaient pas le petit écran.
Je me souviens que nous recevions aussi le renfort d'une dame de la
commune pour des activités manuelles de couture-broderie, tricotin...
A
côté du préfabriqué, une salle des fêtes -déjà - avec une scène. Un
groupe de théâtre existait dans la commune. Je me souviens d'une sorte
de crèche vivante, probablement la Pastorale des santons de Provence,
j'ai quelques souvenirs des chants.
« Dans une ... boîte en carton... [sont rangés/dorment?] les petits santons... » « lou Ravi, si ravi... »?
- musique allègre, mais il me manque la plupart des mots... - Eh ! J'avais quoi? 3 ans, 4 ans ?
Devinez
qui a passé une (très) longue soirée dans un sorte de cageot à fruits
qui lui sciait l'arrière des genoux ?- J'étais pourtant âgée pour faire
le nouveau-né ???
Beaucoup moins amusant que les répétitions ne l'avait laissé espérer...
Ma
mère n'a pas été capable de compléter mes souvenirs, mais je me
souviens aussi des masques en carton-pâte, âne, boeuf, brebis...
Bizarre...
j'ai revu -entrevu- « l'âne » en carton-pâte l'année suivante, lors du
passage à la maison de Saint-Nicolas, avec son soit-disant « âne »
(comment allait-il donc faire pour manger les carottes que nous lui
avions préparées?) et son redouté compagnon le Père Fouettard, bien en
chair et en os, lui, et chargé des instruments de sa tâche - Nous nous
demandions, mi-crédules, mi-suspicieux, s'il fallait croire nos yeux ou
les contes merveilleux des adultes et... nous n'en menions pas large!
La tradition lorraine avait ses adeptes dans ce petit village aussi.
L'église non plus n'a pas changé, sinon le vitrail du choeur dont je n'ai aucun souvenir. Moderne, pas du tout dans le style des autres. |
et la couleur de la voûte peut-être
Petite,
simple, chaleureuse... blanche avec son clocher à deux pans de toit,
comme on en voit beaucoup dans les villages suisses environnant
Les
escaliers, le cimetière autour de l'église, que je traversais pour
gagner une rue parallèle et éviter en partie la « grand » route sur le
trajet de l'école. Le monument aux morts...
La route, oui, elle a changé, le trafic du moins, qui a bien augmenté,
car la route - et grand'rue à la fois - suit toujours la rivière.
nouvelle
rue et nouveau pont, en face de la maison des Humbert, des personnes
âgées qui nous accueillaient souvent, un peu des grands-parents
d'adoption, et sur place, eux...
Est-ce
un effet de la sécheresse actuelle ? La rivière me paraît moins vive,
moins alimentée. Je n'ai vu aucune truite, alors qu'elles abondaient.
Mais j'ai vu des abeilles assoiffées, |
et des libellules - non, ce n'est pas une libellule mais un calopteryx vierge(calopteryx virgo),
sur des herbes qui n'y étaient pas autrefois. Peut-être était-elle curée régulièrement à l'époque ?
Elle courait de seuil en seuil, entre les murs pourvus de barrières et d'escaliers, qui sont toujours là, c'est grâce à eux qu'un « grand » avait pu sauver mon cartable, lâché par dessus les barrières alors que je regardais les truites
– mais non, pas exprès, je le jure !
sur des herbes qui n'y étaient pas autrefois. Peut-être était-elle curée régulièrement à l'époque ?
Elle courait de seuil en seuil, entre les murs pourvus de barrières et d'escaliers, qui sont toujours là, c'est grâce à eux qu'un « grand » avait pu sauver mon cartable, lâché par dessus les barrières alors que je regardais les truites
– mais non, pas exprès, je le jure !
...
Souvenir des cahiers séchant au-dessus de la cuisinière. Le cahier de
chants-poésies, conservé longtemps, gardait les traces de la
mésaventure, me rappelant toujours la scène.
</></></></><><><><> </></></></>
L'ancien café du village |
Le
pont de plus, et l'abri-bus, en terrasse au-dessus du cours d'eau,
semblent les seules nouveautés. Les jardinières fleuries ne sont
probalement pas exactement celles de l'époque, mais j'en ai toujours vu.
La Largue (Larg) prend sa source au village voisin, une résurgence, en
fait . Ce village s'appelle donc Oberlarg (Ober: haut, amont). Et tout
le long de son cours jusqu'à l'Ill, elle traverse des merveilles de
villages fleuris, dont l'un s'appelle Niederlarg, forcément (Nieder: du
bas, de l'aval), et un autre Largitzen (je suis preneuse, pour les
explications), si joli.
Mais
voici LA maison, qui a peu changé elle aussi. Elle nous avait été louée
par les propriétaires de la scierie en contrebas, de l'autre côté de la
route. Le chemin n'existait pas, c'est Papa qui l'a créé, quel travail !
Mais il nous raconte comment le transport des meubles depuis le camion
resté sur la route, par un tout petit escalier avait été difficile lors
de l'arrivée.
Le garage aussi avait été aménagé pour nous, pour la voiture achetée vers la fin de cette époque. Une 203 noire « d'occasion », sortie d'usine la même année que moi – eh oui, on était en « Peugeotland », les cars de ramassage venaient jusque là. Le site de Sochaux, hein, pas celui de Mulhouse qui n'existait pas alors.
Le garage aussi avait été aménagé pour nous, pour la voiture achetée vers la fin de cette époque. Une 203 noire « d'occasion », sortie d'usine la même année que moi – eh oui, on était en « Peugeotland », les cars de ramassage venaient jusque là. Le site de Sochaux, hein, pas celui de Mulhouse qui n'existait pas alors.
La
route peu fréquentée servait de piste cyclable pour nos débuts. C'était
là aussi que nous rencontrions les commerçants, faisant du porte à
porte avec leurs camionnettes, souvent le fameux « Tube » Citroën. Leur
corne signalait leur progression depuis le début du village, nous avions
le temps de nous réjouir, la maison était une des dernières...
Ah, les bonbons de réglisse qu'on regardait, grimpés sur le marchepied...
La scierie n'est plus, c'est à présent une chèvrerie, dit la pancarte sur la clôture.
A
l'époque, point de clôture... un chemin empierré qui descendait en face
de chez nous et allait jusqu'à la scierie puis à la cour de la maison
des propriétaires, de l'autre côté du ruisseau.
La
scierie était un terrain de jeu extraordinaire. Nous voyagions sur les
troncs, CLIC-CLAC-CLIC-CLAC si lentement, mais avec un petit frisson
tout de même, jusqu'à bonne distance de la grande scie qui montait et
descendait,. Sous l'oeil vigilant mais bienveillant du scieur, nous nous
racontions des voyages imaginaires ou « partions chez les
grands-parents », ou bien nous nous poussions sur le petit chariot sur
rails qui servait à transporter les troncs entre le chantier et le grand
chariot qui les maintenait jusqu'à la scie.
Nous jouions avec la sciure ou les chutes, nous y tracions des routes avec nos pieds...
En
hiver, le chemin était notre piste de luge, et le canal en bois, qui
courait entre le canal le long du bois et la scierie, alimentant la
chute d'eau anciennement, et qui passait le long du balcon de la cuisine
de l'habitation au-dessus, fuyait et se transformait en palais de
glace, Enfin, un hiver ce fut ainsi, mais quel éblouissant et magique
souvenir !
Privé
du tribu destiné au canal, le petit ruisseau s'étalait dans la prairie
en amont, parmi calthas et myosotis... je crois qu'il y avait des
moutons...
Pour
moi, ce pré, et non ceux de mes grands-parents, a toujours été celui
qui illustrait mentalement mes lectures ultérieures des « Contes du Chat
Perché » de Marcel Aymé. Peut-être en avions-nous lu des passages en
classe ?
En montant vers Oberlarg, la petite chapelle, pseudo grotte, et le château d'eau rappellent de fréquentes promenades.
Nous
voulons poursuivre la visite au pays des souvenirs avec le château du
Morimont, et sa ferme, ses prairies où abondaient les mûres, son chemin
où poussaient perce-neige et coucous dont nous rapportions de gros
bouquets. Mais à pied, c'est un peu loin.
En voiture !
( à suivre... )
Such pretty church glass. Happy weekend!
RépondreSupprimersuper me revoila petit garcon a levoncourt village cher a mon coeur
RépondreSupprimerlevoncourt village magique bravo je revis tant de choses en parcourant vos lignes souvenirs odeurs bruits tant d histoires a raconter a mes enfants a jamais graver dans mon coeur
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