A la page papillons, un nom m'avait charmée : "Zygène de la filipendule", un papillon dont la forme si différente le distingait bien des autres.
Et entre ce nom si drôle et cette allure si particulière, c'est un des seuls que j'avais mémorisé.
Le nom, je l'aurais bien vu dans la bouche du Capitaine Haddock :
"bachi-bouzouk", "ectoplasme", "espèce de loup-garou à la graisse de renoncule de mille sabords"...
"espèce de zygène de la filipendule", Hergé n'y a pas pensé, mais ça ne dénoterait pas !
Ce qui fait que depuis toujours, je m'émerveille de ces Zygènes, qui ont de plus le bon coup de squatter très régulièrement des fleurs que j'aime beaucoup, les scabieuses, par exemple...
Comme celle-ci, justement :
Lamalou (34) Zygène de la lavande; mi-juin |
ou celle-ci, sur l'herbe au bitume
C'est d'ailleurs ici probablement la fameuse Zygène de la filipendule (Lamalou, juin 2009).
Pourquoi ce nom ? La filipendule, la reine-des-prés, spirée, ulmaire, Filipendula ulmaria, qui sent si bon, attire certes beaucoup d'insectes, comme ces syrphes sur la photo ci-contre.
Mais je ne me souviens pas en avoir vu à proximité ce jour-là. Sûrement pas loin, car un fossé propice longeait la route.
Ni d'avoir vu des zygènes sur les reines-des-prés.
(Il y a bien aussi l'Achilée filipendule, belles ombelles jaunes que j'ai appréciées dans un jardin d'autrefois - je n'y ai jamais reçu cette visite non plus.)
Peut-être plante-hôte de la chenille? Je n'ai jamais vu les chenilles. Si en photos, ensuite...
Car c'était le moment d'aller aux renseignements...
Les zygènes forment une grande famille : en anglais on dit "burnet moth"
1000 espèces dont 35 espèces en France
Elles appartiennent aux Zygenidae, avec les Turquoises.
Bien que diurnes, ce sont des hétérocères (papillons "de nuit")
Antennes qui les font ressembler aux sphinx
Ailes couplées entre elles par un frein (sur l’aile postérieure) caractéristiques des hétérocères
...
Attention : Contrairement à ce que pourraient laisser penser les noms scientifiques, les chenilles des différentes espèces ne sont pas forcément inféodées sur l’espèce botanique qui sert à les nommer. Ainsi la chenille de la zygène de la filipendule (la filipendule est une spirée) vit sur …. le lotier, tout comme celle de la zygène du .. trèfle ! Quant à la chenille de la zygène du chèvrefeuille, elle vit sur les …. vesces ! (d'après ac-clermont.fr, extraits - topo très concis et néanmoins fort riche)
Dorycnium: deux espèces sur cette photo , D.pentaphyllum ="badasse" et D.hirsutum = "bonjeanie" |
, Il y en avait beaucoup dans les alentours, en effet. Des plantes mellifères estimées.
Ajoutons que toutes se complaisent sur les fleurs bleu-pâle ou mauves. Les scabieuses et les knauties, par exemple (que je n'arrive toujours pas à différencier), l'herbe au bitume, les lavandes...
Elles ne semblent pas trop présentes du côté de Cerbère. Dommage.
Les scabieuses, ici, elles en trouveraient, ainsi que l'herbe au bitume - mais la doryncie, non
- et la laitue pérenne que j'aime pour son beau bleu pâle, leur plairait-elle?
ATTENTION : CONFUSION
Ce papillon s'est abattu à mes pieds, en ville. (pas ici)
Pas une zygène, bien qu'on puisse trouver quelques ressemblances.
De toute façon ça ne volait pas pareil. Mais en revoyant la photo, tout de même, j'hésitais.
Il semble que je ne sois pas la seule :
Le site aramel m'a indiqué son nom: "Goutte de sang" (aussi lu Carmin), Ecaille du séneçon*, Tyria jacobaeae, Arctiide.
Noter ses antennes différentes, sans massues. Papillon "de nuit" également.
* Sa plante-hôte est le séneçon jacobée.
Sur ce même site aramel, on peut apprendre à compter les taches rouges des zygènes. Les numéroter surtout pour une description type; et s'en servir pour la détermination. Photos de presque toutes les espèces françaises.
- On peut voir les chenilles aussi, et les cocons.
Finalement, de toutes ces zygènes que j'ai vues, je n'ai retrouvé que deux photos*.
(*Ou alors, elles sont dans des dossiers où je n'ai pas mis tous les mots-clés, et je les déposerai ici un peu plus tard, quand je mettrai la main dessus...)
Car c'est très dur à prendre. Non qu'ils bougent trop.
- Non, ils n'ont peur de personne, grâce à leur livrée "aposématique" - leurs taches rouges préviennent les prédateurs : "je suis toxique, n'essayez pas de vous en prendre à moi"
- Et je lis que ça n'est pas du bluff : ils contiennent réellement du cyanure. Composé à partir du lotier par exemple.
Non , ils ne sont pas craintifs.
Mais selon l'éclairage, les photographier est un défi.
Ils brillent. Le capteur est ébloui. On peut effacer la photo !
Alors quand je vois les galeries de certain(e)s photographes, je leur tire mon chapeau !
Bravo et merci, Foise, Lucie et l'auteur d'aramel !
- ça c'est du "métier" !