jeudi 7 octobre 2010

Cerbère, une histoire de gare; les transbordeuses

Il y a bien longtemps, Cerbère était un lieu-dit, une dépendance de la paroisse de Banyuls, pas de village, pas de route, jusqu'à...
... jusqu'à ce qu'arrive la voie ferrée, qui eut besoin de main d'oeuvre pour sa construction et son fonctionnement.
Remblais, tunnels... que de vallées à franchir...
un immense viaduc enjambe à Banyuls la Baillaurie,


à Cerbère, c'est un mur gigantesque (on n'en voit qu'un tout petit morceau) qui soutient la voie et la gare, et des tunnels partout,
pour les trains, pour les gens,
pour la route vers l'arrière-pays qui se retrouve à passer sous les voies.
Cerbère s'est peuplé et construit pour ces travaux, puis pour le fonctionnement de la voie et les échanges frontaliers devenus possibles. Le tourisme n'est venu qu'après.

Cheminots logés en cités, douaniers, transitaires en douane aux riches immeubles, et toute une industrie propre à cette frontière : le transbordement.
Qu'évoque cette étrange statue - bien abîmée par la tempête fin 2008 -
d'une femme -solide- portant un couffin rempli de boules étranges ?
C'est un hommage à un métier local disparu :
les transbordeuses d'oranges, transbordeuses, c'est à dire qu'il leur fallait vider les wagons espagnols pour charger les wagons français, chaque pays ayant des normes différentes, l'écartement des voies ne correspondant pas, Cerbère était un terminus...
... et les gens et les marchandises devaient changer de train.
Pourquoi "devaient" ? et maintenant ?
... Maintenant, pour les marchandises, un autre métier est né. Une entreprise (Transfesa) change les essieux de wagons en gare de Cerbère, les change de voie, ce qui prend du temps aussi et donne un autre type de travail.
... Maintenant, pour quelques trains espagnols, nommés Thalgo, on a inventé l'essieu variable. Les autres trains s'arrêtent toujours ici ou à Port-Bou, et les autres voyageurs découvrent la ville, "quelques" escaliers plus bas, voire la plage, et mangent un un-cas en attendant leur correspondance...

Un wagon sous le grand mur, au pied du tunnel qui relie pour les piétons le front de mer à la gare, est là pour évoquer le problème technique,
et la Transbordeuse d'oranges lui fait pendant sur l'esplanade en face :


Au pied de la statue, deux plaques :
"A ses transbordeuses, à tous les travailleurs de la gare, la ville de Cerbère reconnaissante (1878-1970)"

...
" De 1878 à 1970, en raison de la différence d'écartement des rails des voies françaises et espagnoles, les marchandises transitant par la gare de Cerbère furent transbordées à la main, principalement des agrumes.
Avec une technique éprouvée, apportant un soin extrême au traitement des fruits délicats, 5000 personnes environ pendant cent ans manipulèrent 20millions de tonnes d'agrumes et 15 millions de tonnes de marchandises diverses. "




Le métier était très dur et très mal payé, et en 1906 eut lieu une grève historique qui durera presque un an.
http://histoireduroussillon.free.fr/Villages/Histoire/Cerbere.php

http://www.mjc31.org/La-greve-des-transbordeuses-d-Oranges-en-1906-152.html

Deux romans : La transbordeuse d'oranges par Hélène Legrais
et Quai des oranges de Nicole Zimerman

Mais il y aurait encore beaucoup de photos à faire ... pour évoquer le rail et Cerbère

PS
Ici une synthèse remarquable sous forme d'une émission de France Inter

4 commentaires:

  1. la statue a été vandalisée aux vacances de Noël

    petits c...

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  2. Merci Claudie pour cette page d'histoire très passionnante
    Tes photos sont superbes
    Tu es douée pour cette belle mise en page
    Merci et passe une bonne journée
    Domie

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    Réponses
    1. Moi non, je ne sais pas faire - ça c'est juste l'outil éditeur "blogger" - pas toujours aisé à dompter pour ce qui est de la disposition des photos. Tant qu'il n'y a que du texte je maîtrise mieux
      Merci de ta visite
      - en attendant "en vrai" ?

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  3. Bonjour,
    Je suis Didier Vors, rédacteur bénévole d’un webzine consacré au tourisme culturel et aux voyages.
    En faisant des recherches, en vue d’écrire un article sur les gares de Cerbère et Port Bou, je suis tombé sur votre texte au sujet des transbordeuses que j’ai lu avec intérêt. J’étais il y a moins de 3 semaines sur Cerbère et j’ai été interpellé par ce fameux monument.
    Notre magazine en ligne souhaiterait, avec votre accord, publier le texte en question dans le courant de l’année 2018 avec bien entendu en pareil cas ,le nom de l’auteure , ainsi que le site web correspondant.
    Vous terminez votre phrase par : « mais il y aurait beaucoup de photos à faire pour évoquer Cerbère et le rail ». Lesquelles selon vous si ce n’est pas indiscret ?Avez-vous aussi entendu parler de la « Retirada » un élément douloureux de l’histoire de Cerbère.
    Merci par avance de l’intérêt que vous pourriez porter à ce courriel.
    Cordiales salutations
    Didier Vors
    www.babelbalades.fr

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