Voilà qui est nouveau :
je me réjouissais tant de venir à ce rassemblement de famille! Si longtemps que je n'ai eu l'occasion de voir tous mes cousins, j'avais programmé mon séjour thermal dans l'Est à ce moment-là « pour en être ».
J'en avais eu la semaine dernière mon petit, euh non, mon gros acompte avec le séjour d'une partie de mes frères et soeur, que je vois rarement aussi.
La maison en travaux, une vraie ruche, mais chacun jouant sa partition et sachant ce qu'il a à faire (fluide, génial, vraiment des pros! ), les grandes tablées, avec ce qu'il faut sur la table, joyeuse abondance et faux désordre, échanges, complicité, blagues, fous-rires... On était 6 ou 8 à la fois, tout allait bien.
Mais là, ça se précipite...
C'est demain la fête (80 ans de ma tante, elle est arrivée avant-hier, chez elle, c'est la maison voisine), et depuis hier, je ne vois plus que des stratégies à élaborer pour conserver quelque bulle de calme, quelque distance et surtout quelque autonomie. Avec mon programme journalier, je suis un peu hors-jeu. Je tente de prendre part aux préparatifs, mais j'ai envie de le faire à mon rythme... Je suis en cure thermale, mais pas tout près, je démarre très tôt et je dois être partie au lever du soleil, donc me coucher tôt.
- Sauf que je n'y parviens pas trop, et que je suis en déficit de sommeil... Et que je dois refaire 900 bornes pour rentrer la semaine prochaine, je dois absolument dormir plus avant.
Evidemment, c'est raisonnable! Je ne m'imagine pas loger à Plombières et ne venir ici qu'en visite, alors à plus forte raison ce week-end-là, où presque tous viendront, mais pourquoi ces doutes et ces craintes?
- Le bruit. Le bruit et mes soucis d'audition.
Les paroles dites quand l'un des deux tourne le dos...
... Tout ça, avec moi, ça ne fonctionne plus ! J'ai besoin de savoir qu'on s'adresse à moi, pas à un autre ou en marmonnant pour soi-même, j'ai besoin d'arrêter ce que je suis en train de faire pour écouter, une activité à part entière, j'ai besoin qu'on se regarde, et qu'il n'y ait pas de bruit trop autour...
J'ai aussi besoin de savoir de quoi ça parle !
Depuis que j'ai dû arrêter mon travail, en grande part pour cette raison, et pour la fatigue engendrée -et le stress, la culpabilité, le sentiment de ne pas être à la hauteur- rares sont les occasions où je me sens mal à l'aise en groupe. Parce que je les évite d'abord!
Les groupes ne sont plus jamais bien gros, et puis, je choisis les circonstances, et je rappelle ou avertit : j'entends mal. Oh, rien d'intense: je peux me passer de mes appareils et entendre suffisamment dans pas mal de circonstances, mais dès que le discours se complique un peu, j'en perds les ¾ -au mieux ! Et là, j'ai tendance à écourter, à éviter, à simplifier...
Et là, d'un coup, je viens de réaliser dans quel défi je me suis lancée : 80 personnes assemblées dans un joyeux tumulte demain, et beaucoup de préparatifs empressés. Oh, je ne suis ni hôte ni très engagée dans ce programme, mais j'entends bien prendre ma part du travail. Ce qui suppose une communication efficace – et je ne me vois plus très efficace.
Ma tante a trouvé le truc, elle m'a mis un petit mot pour me sous-traiter une tâche.
Rassurant... C'est clair, isolé, je le ferai quand ça m'ira, après mon repos. Tout compris, quoi!
Bon, ben voilà, arrête de paniquer ma vieille, ça va bien se passer, comme avant...
La maison, les deux maisons vont se remplir petit à petit, j'aurai le temps de rencontrer chacun, pas seulement dans la grande salle et les clameurs.
Tout va bien !