lundi 13 avril 2015

Odontites luteus

on lit parfois Odontites lutea
(Odontite s'emploie au féminin en français)
et Bartsia lutea
Euphraise jaune, aussi

Autrefois répertoriée parmi les Scrophularaciées, à présent classée dans les Orobanchacées
une orobanche  
Les orobanches sont des plantes qui parasitent d'autres végétaux.
Les Odontites seraient des hemiparasites, et une nouvelle classification les y a regroupées.

voir sur une page ancienne comment je l'avais découverte 
-aux environs du site d'épandage collinaire, en contrebas de la DFCI AL63- 
Un ou deux pieds, en fin de floraison et très mis à mal par un vent de fou, très sensible à cette hauteur sur "l'épaule" du Pic des Gallines. d'ailleurs à cet endroit les arbres ont leurs branches orientées vers l'est. Des photos, à l'ombre, dans le vent, pas satisfaisantes...










à droite la garrigue, à gauche les vignes coupe-feu sous le Pic Joan,
L'automne passé, alors que je me reprochais de n'être pas retournée y voir, j'ai l'occasion de passer par la route du haut, en si mauvais état que je l'emprunte rarement en voiture, 
mais sans avoir la liberté de m'arrêter. Et je vois le bord de route couvert de jaune, plusieurs jaunes, pas que celui de l'inule visqueuse - et si c'était l'Odontite? Surtout dans la partie proche de Cerbère et du Pic des Gallines, 
le secteur est celui où a été arrêté l'incendie en février 2013

Assez commune sur une large partie sud du territoire, 
l'Odontite jaune pousse aussi bien sur calcaire que sur silice.
 Elle affectionne les coteaux secs, les bois, les pelouses arides.
 ... partout dans le massif des Maures,
 elle prolifère sur les terres forestières mises à nu 
par les incendies ou l'entretien des pare-feux.

Je reviens donc à pied les jours suivants.
C'était bien ça, 
bien plus accessible que dans le site de la première découverte, où je n'osais plus trop retourner depuis que je m'étais fait piquer au carrefour près du rucher. 
Bien plus accessible mais surtout bien plus abondant. 


La ligne électrique monte au Pic Joan au milieu de jeunes vignes coupe-feu, plantées vers la fin des années 90

 festival en jaune: 
les taches d'un vert vif et dense, c'est Odontites luteus.
 









A l'arrière-plan une vigne qui a été fortement ravinée le 20 novembre 2011. Tout ce secteur a subi de grosses coulées de boues, les bas-côtés ont été creusés par endroits, mais à d'autres remblayés avec ce qui descendait, et avec qui était sur la route (c'est une piste, mais elle est goudronnée), qui s'est retrouvée encore plus dégradée par le travail des nettoyage.
  - Au dessus du talus, une vigne.
 Le rocher, c'est du schiste, mais la route est aussi sur un lit de calcaire calibré. (voir PS)















les pistils longs et desséchés de fleurs fanées, en cours de maturation des graines, que je n'ai pas vues.
 Pour voir des graines : fiche Odontites luteus sur  Herbier des champs. 
Leurs images montrent des sujets moins touffus, comme ceux que j'avais vus en 2010.



 Le pied adopte souvent l'aspect d'un petit arbre, 
beaucoup plus ramifié que le sujet vu quatre ans avant,

avec une tige sans feuille dans le bas



ne pas confondre avec les jeunes bruyères
Odontites lutea, cerné par la bruyère - un brin de thym, une jeune euphorbe
comparer le jaune doré des fleurs et le vert vif des feuilles avec le jaune pâle et le port élancé d'un jeune Senecio aequidens
Les feuilles deviendront rouges en fin de saison.
Senecio inaequidens, Odontites luteus et fenouils dans l'herbe si particulière de ces bas-côtés

Odontites luteus domine - la menthe dresse ses tiges pour se faire une place au soleil (quand il est là -le  soir c'est à l'ombre du talus)




L'inule visqueuse  devant l'odontite. A droite fenouil et jeune lavande

toujours l'inule visqueus entourée d'odontites et d'euphorbe - et toujours une tige de fenouil
L'euphraise jaune, odontite jaune, Odontites luteus L.(Linné)

sur  crdp.ac-besancon.fr - pour voir facilement sa famille
sur blog végétal - pour le plaisir de la description botanique clairement illustrée
sur Fleurs du Roussillon ma référence locale la plus précieuse (Nom catalan : fonollada groga)
 Tela Botanica a organisé l'automne passé un recensement en Languedoc-Roussillon, je le lis seulement maintenant. Voir la carte et autres rubriques.
conservatoiredufreinet.org. signale son intérêt pour les abeilles




J'ai donc cherché sur quelles plantes elle exerce son parasitisme.
Pas précisé dans les flores.

Je lis un avertissement de la chambre d'Agriculture du Vaucluse, sur le dépérissement que sa présence en quantité peut causer au vignoble (ils citent Grenache, Syrah et Ugni blanc)
    Là elle est juste en dessous de vignes de Grenache, justement...(voir P.S.)

Plante épizoochore: Les graines sont disséminées après transport accroché aux poils, plumes, pattes... d'un animal.
Donc, les sangliers qui passent (le talus ne leur fait pas peur, nombreux "courriols"), les perdreaux... que l'euphraise jaune soit en dessous, ça n'écarte pas le risque.
 A vos xadics! 
Et... doucement sur le glyphosate* !
*classé comme "probablement cancérogène pour l’homme" par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer, situé à Lyon, c'est l’agence de l’Organisation mondiale de la santé spécialisée dans la question du cancer.)

Aucun usage médicinal pour cette plante que nous laisserions 
volontiers dans l'oubli si elle n'était d'une grande utilité pour les abeilles:
 celles-ci récoltent sur ses fleurs un peu de nectar et surtout du pollen
 d'un beau jaune qui participe aux premiers apports protéiques 
pour le développement du couvain d'automne.

Apparaissant rapidement à la fin de l'été, 
elle sonne avec le lierre et l'Inule visqueuse la fin de la disette estivale. 
Avec elle, les collines des Maures redeviennent accueillantes 
et les ruches peuvent réintégrer leur places d'hivernage
 d'où elles ne repartiront qu'après les floraisons printanières 
de la Bruyère blanche, Lavande maritime et cistes.
 conservatoiredufreinet.org. 

 Plante protégée en Alsace, "disparue" sur le Territoire de Belfort, d'après la carte TelaBotanica



P.S.
contrairement à ce qu'indique  le texte cité, d'après plusieurs documentations, il pousse sur le calcaire... Comme ici donc... Le bord de route EST bien calcaire - et lui seul.
 Les auteurs qui l'auront rencontré "sur silice"... sont peut-être dans le même cas d'un bord de route en concassé rapporté d'une carrière éloignée - avec des graines, éventuellement, qui ont pu arriver par le trafic routier, engins de chantier notamment. 

Voir fiche bien illustrée de Foise (Blog Végétal) 

Les vignes sur schistes sont donc à l'abri du parasitage.

La question de la plante-hôte reste entière, sauf à penser à des racines qui viendraient jusque là (ça, c'est fort plausible, elles font facilement 10m) ... et superficielles. 
Ce secteur a été établi en vigne récemment (années 90) pour constituer les coupe-feu dans la matte: bruyères principalement.
 A moins qu'il ne s'agisse que d'une reconquête d'anciennes terrasses abandonnées, et les murettes supprimées lors des terrassements avant la replantation et le tracé des pistes DFCI. 











4 commentaires:

  1. Eh bien dis-donc, quant tu attaques un sujet on peut dire que tu ne laisses rien de côté ! Avec de telles observations tu peux revendiquer le rôle de vigie nature, en tous cas cette étude peut se révéler utile à ton viticulteur préféré
    Je lis, j'apprends...

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    1. Je ne suis pas une botaniste, souviens-toi, je suis une curieuse, de squ'est-ce mais aussi de pourquoi et des comment, des qu'est-ce que ça fiche ici...
      Un jour en stage "géologie" locale, il s'agissait de nous initier et de constituer une collection pour nos classes... le prof a répondu pour l'échantillon que je lui montrais: "Ah oui... (un peu las) dans chaque groupe, il y a toujours un élève pour vous rapporter LE caillou merdique qui n'a rien à faire là"
      Je n'ai pas eu l'ID, j'ai remballé mon caillou merdique.
      C'est vrai que c'est tout moi, ça...

      le cas du Vaucluse ne se reproduira pas sur nos schistes: je n'avais pas bien intégré qu'elle aime le calcaire, et pourtant c'était bien spécifié dans la documentation que j'avais consultée... sans m'arrêter à chaque mot.
      C'est seulement ce matin en le lisant dans ta description, que j'ai compris qu'ici, elle ne risque pas de quitter les bords de route.

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  2. Très intéressantes ces plantes qui vivent aux dépens des autres. Je ne connais pas cette plante que je devrais pourtant rencontrer puisque je parcours le massif des Maures, plus au printemps qu'à l'automne.
    Ne dit-on pas "orobanche"? Je fais la remarque car longtemps j'ai aussi pensé "orobranche", plus facile à retenir!

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    1. "lexydisque", comme chantait je ne sais plus qui - ouille ouille ouille: j'ai toujours dit faux!
      heureusement que tu es attentive - je file corriger!

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